Les misérables
Jean Valjean sortait de prison. Vingt ans d’enfer pour avoir volé un pain, puis plusieurs tentatives d’évasion. Brisé, il errait sans espoir dans un monde dur et fermé aux anciens forçats.
Mais un geste inattendu allait tout changer : l’évêque Myriel, homme de bonté et de lumière, lui offrit son pardon, malgré que Valjean lui avait volé ses argenteries.
Ce pardon fut le début d’une transformation profonde. Jean Valjean, décidé à se racheter, prit un nouveau nom, devint honnête et travailla sans relâche à se reconstruire.
Parallèlement, dans une ville voisine, une jeune femme, Fantine, vivait une tragédie différente.
Mère célibataire abandonnée, elle travaillait dur pour nourrir sa fille, Cosette, confiée aux Thénardier, des aubergistes cruels.
Le destin de Fantine fut marqué par la pauvreté, le déshonneur, la maladie. Pourtant, au cœur de ses souffrances, une lueur d’espoir restait : la promesse que quelqu’un prendrait soin de Cosette.
Un jour, Fantine croisa le chemin de Jean Valjean, sans savoir qu’il serait son ange gardien…
La sortie du bagne
Jean Valjean sortit des portes de la prison de Toulon, où il avait passé vingt années au bagne. Le ciel était gris, la mer agitée, et l’air chargé de sel. Ses mains rugueuses, ses vêtements élimés, son visage marqué par les ans de souffrance, tout racontait la violence de son passé.
À peine libéré, il sentait déjà le poids du monde, celui d’une société qui ne voulait plus de lui. Il était un homme brisé, marqué au fer rouge du crime un voleur de pain, disait-on. Mais c’était bien plus que ça : la faim, la misère, la nécessité l’avaient poussé à voler, et sa vie entière avait été un combat contre l’injustice.
Personne ne voulait l’aider. Les auberges lui fermaient leurs portes, les passants le fuyaient comme une bête sauvage. On lui tendait le doigt en signe de reproche, on chuchotait son nom comme celui d’un monstre. Sans nom, sans refuge, il errait dans les rues, cherchant un endroit où passer la nuit.
Il n’avait plus rien, pas même un espoir. Le bagne l’avait dépouillé de tout, même de lui-même. Pourtant, au fond de son âme fatiguée, une lumière ténue brillait encore : un éclat d’humanité qu’il ne voulait pas laisser mourir.
La rencontre avec l’évêque Myriel
Après des heures d’errance dans la nuit glaciale, Jean Valjean trouva enfin refuge dans une petite ville appelée Digne. Là, il poussa la porte d’une auberge. Mais la patronne, voyant son visage marqué par le bagne, refusa de l’héberger. Elle le chassa sans ménagement, lui lançant des insultes.
Sans abri, Valjean erra jusqu’à l’évêché où vivait Monseigneur Myriel, évêque réputé pour sa bonté et sa sagesse. L’homme était âgé, mais son regard chaleureux semblait pénétrer l’âme. Valjean, désespéré, frappa à la porte de Myriel.
L’évêque l’accueillit avec douceur. Voyant l’homme épuisé, il lui offrit un repas chaud et un lit pour la nuit. Mais ce fut le lendemain matin que le miracle eut lieu.
Jean Valjean, reprenant des forces, vola les couverts en argent de l’évêque et s’enfuit dans la nuit. Mais il fut arrêté par la police. Lorsqu’on le ramena chez Myriel pour récupérer les biens volés, l’évêque fit une déclaration surprenante : il avait donné les couverts à Valjean, le priant de les garder comme un cadeau.
Ce geste d’une générosité infinie bouleversa Valjean. Il comprit que le pardon pouvait exister. Cette nuit-là, il prit la décision de devenir un homme honnête.
La nouvelle identité
Après sa nuit auprès de l’évêque Myriel, Jean Valjean disparut du village de Digne avec un cœur chargé de promesses. Il savait que pour recommencer, il devait se créer une nouvelle vie, loin de son passé de forçat.
Il changea de nom, devenant Monsieur Madeleine, et s’installa dans la ville de Montreuil-sur-Mer.
Avec une volonté inébranlable, il travailla sans relâche, usant de son intelligence et de ses bras pour fonder une usine prospère. Les habitants virent en lui un homme honnête, généreux, et bientôt il fut nommé maire de la ville. Sous sa gouverne, Montreuil devint un lieu de travail juste et d’entraide.
Mais malgré son succès apparent, Jean Valjean restait hanté par la peur constante d’être reconnu, surtout par Javert, un policier rigide qui le traquait sans relâche depuis sa sortie du bagne.
Pourtant, dans son cœur, il se sentait enfin libre, investi d’une mission : faire le bien, réparer les torts, et protéger les innocents. C’est cette nouvelle identité qui allait le conduire à croiser le destin de Fantine.
Fantine, mère abandonnée
Dans la même région, une jeune femme nommée Fantine vivait un drame silencieux. Originaire d’un village modeste, elle était tombée enceinte d’un amour de jeunesse qui l’avait abandonnée. Seule et sans ressources, elle dut confier sa fille, Cosette, à une auberge tenue par les Thénardier, couple cupide et cruel, pour pouvoir travailler en ville.
Fantine accepta ce sacrifice, persuadée qu’elle pourrait bientôt réunir les deux morceaux de sa vie. Elle trouva un emploi dans une usine textile, luttant chaque jour pour payer le prix exorbitant demandé par les Thénardier.
Mais la pauvreté rongeait son corps et son esprit.
La ville, impitoyable envers les femmes seules et pauvres, la rejetait. Fantine subit moqueries, humiliations, et ses collègues la trahirent. Le poids de sa condition la fit sombrer peu à peu.
Dans ce monde sans pitié, Fantine gardait au fond d’elle un seul espoir : celui de revoir Cosette.
La chute de Fantine
Fantine, malgré ses efforts acharnés, perdit bientôt son emploi à l’usine lorsqu’on découvrit qu’elle avait une enfant illégitime. L’opprobre sociale fut impitoyable : reniée par ses anciens collègues, délaissée, elle se retrouva sans ressources.
Le désespoir la poussa à la misère. Pour subvenir aux besoins de Cosette, elle vendit ses cheveux, ses dents, et finit par se prostituer dans les rues glaciales de la ville. Chaque nuit, elle se battait contre la honte et la douleur, tenant pour seul refuge l’amour maternel.
La maladie, venue s’ajouter à son malheur, la rongea rapidement. Frappée par la tuberculose, elle perdit peu à peu ses forces, ses espoirs, et le regard vide, elle sombra dans une détresse profonde.
La promesse à Fantine
Dans une chambre sombre et froide de l’hôpital, Fantine agonisait, affaiblie par la maladie et le chagrin.
Jean Valjean, informé de sa condition, vint à son chevet. Touché par la souffrance de cette femme, il lui promit, solennellement, de prendre soin de sa fille Cosette.
Fantine, dans un dernier souffle, confia à Valjean le sort de son enfant, son trésor unique, abandonné aux Thénardier. Ce fut un serment lourd de sens et d’espoir, une promesse de justice et de rédemption.
Alors que Fantine s’éteignait, Valjean sentit en lui un devoir plus fort que jamais : sauver Cosette et lui offrir la vie digne que sa mère n’avait pu lui donner.
La décision de Jean Valjean
Après la mort de Fantine, Jean Valjean savait que son devoir n’était plus de gérer une ville, mais de sauver une enfant. Il quitta Montreuil-sur-Mer en secret, abandonnant sa position de maire et son identité.
Mais Javert, l’inspecteur inflexible, avait reconnu en lui l’ancien bagnard. Il l’arrêta, sûr de son devoir. Cependant, Valjean réussit à s’évader une fois de plus, prêt à tout risquer pour tenir sa promesse.
Sur les routes de France, dans le froid et la boue, il se lança à la recherche de Cosette. Il ne connaissait d’elle qu’un prénom, un lieu et les Thénardier.
Son cœur était tendu vers cette mission comme une prière. Il n’était plus un forçat, ni un maire : il érait un père.
Les Thénardier
À Montfermeil, dans une auberge aux volets fatigués et au plancher grinçant, vivait la famille Thénardier. Le père, un homme sournois et cupide, avait pour seule morale l’intérêt personnel.
La mère, autoritaire et cruelle, gouvernait la maison d’une main dure. Tous deux maltraitaient la petite Cosette, qu’ils exploitaient.
L’enfant, frêle et timide, passait ses journées à nettoyer, à porter de lourds seaux d’eau, à obéir sans broncher.
Leurs propres filles, Éponine et Azelma, étaient gâtées, tandis que Cosette n’était qu’une servante méprisée.
Chaque mois, les Thénardier réclamaient davantage d’argent à la mère absente, prétextant des frais imaginaires. Bien que Fantine se privât de tout, sa fille vivait dans la crasse et la peur.
Un soir d’hiver, alors que la neige tombait en silence, Cosette sortit chercher de l’eau dans l’obscurité.
Ses petites mains tremblaient sur l’anse du seau, son regard fuyait les ombres. C’est là, sur le chemin du puits, qu’un inconnu l’aborda doucement.
Il portait une longue cape sombre, son visage était marqué par la fatigue, mais ses yeux brillaient de bienveillance. C’était Jean Valjean.
La rencontre de Cosette et Valjean
Jean Valjean, caché sous une fausse identité, observait l’auberge depuis plusieurs heures. Il avait entendu parler d’une enfant maltraitée, d’une petite fille prénommée Cosette, laissée en pension chez les Thénardier.
En la voyant sortir seule dans la nuit, un seau presque plus lourd qu’elle dans les mains, il sut qu’il avait trouvé la fille de Fantine.
Il s’approcha doucement, sans lui faire peur, et lui proposa de l’aider. Cosette, d’abord méfiante, sentit rapidement qu’il n’était pas comme les autres adultes.
Il la raccompagna à l’auberge, où il demanda une chambre pour la nuit.
Les Thénardier, flairant un homme bien habillé et peut-être riche, firent mine d’être aimables. Ils lui servirent un repas et commencèrent à lui parler avec onctuosité, tout en continuant de traiter Cosette comme une servante.
Valjean vit tout. Il observa, se tut, mais enregistra chaque détail. Il offrit à la petite une poupée neuve qu’il avait achetée. Ce simple geste, auquel elle n’était pas habituée, fit briller les yeux de Cosette comme jamais.
Ce fut le premier instant de douceur qu’elle connut depuis longtemps. Elle ne savait pas encore qu’à cet homme, elle devait tout.
Le départ de Montfermeil
Le lendemain matin, Jean Valjean s’entretint avec les Thénardier. Il leur annonça calmement son intention d’emmener Cosette avec lui. D’abord surpris, puis méfiants, les Thénardier changèrent d’attitude dès qu’il sortit sa bourse. Ils exigèrent une somme scandaleuse pour « couvrir les frais » de l’enfant.
Valjean ne discuta pas. Il paya sans discuter, certain que rien ne valait le bonheur de cette petite. Les Thénardier, ravis de leur profit, lui confièrent Cosette sans regret, comme on céderait un objet devenu inutile.
Cosette, apeurée, regarda une dernière fois la maison où elle avait souffert, puis serra la main de cet homme qu’elle connaissait à peine mais en qui elle sentait déjà une sécurité nouvelle. Ils partirent ensemble, à pied, dans le silence glacé de l’aube.
Ce fut pour Cosette le début d’une nouvelle vie. Pour Jean Valjean, c’était l’accomplissement d’une promesse.
Mais dans l’ombre, des menaces demeuraient. Javert, toujours à la recherche de l’ancien forçat, rôdait dans les environs. Valjean le savait. Il devait maintenant protéger Cosette non seulement de la misère, mais aussi du passé qui le poursuivait.
La fuite et la cachette
Jean Valjean et Cosette quittèrent Montfermeil à la hâte, traversant villages et forêts, évitant les grandes routes et les regards indiscrets. Valjean, sans cesse aux aguets, savait que Javert n’abandonnait jamais une piste. Chaque pas dans la neige était une trace de trop.
Cosette, bien qu’encore craintive, s’attachait peu à peu à cet homme silencieux mais doux. Il lui parlait avec patience, la regardait avec tendresse deux choses qu’elle n’avait jamais connues. La fatigue et la peur la suivaient, mais elle sentait naître un sentiment étrange et nouveau : la confiance.
Un soir, dans une rue de Paris, Jean Valjean sentit qu’il était suivi. Des ombres, des pas... Puis, une silhouette surgit : c’était Javert. L’inspecteur avait retrouvé sa trace.
Commence alors une course effrénée à travers les ruelles sombres. Jean Valjean, tenant Cosette contre lui, fuit comme autrefois, mais cette fois, ce n’était plus sa liberté qu’il défendait : c’était celle d’un enfant.
Ils trouvèrent refuge in extremis dans un couvent discret, aux portes closes. Là, par un ancien contact, Valjean obtint l’asile. Sous un nom d’emprunt, il devint jardinier, et Cosette fut admise comme pensionnaire. Entre ces murs protégés du monde, la paix s’installa.
Le temps s’écoula. Cosette grandissait, et Jean Valjean découvrait une forme d’amour qu’il n’avait jamais connue : celui d’un père.
Cosette devient jeune fille
Les années passèrent derrière les murs paisibles du couvent. Cosette, autrefois maigre et craintive, devint une jeune fille vive, instruite et gracieuse. L’enseignement religieux lui offrit discipline, éducation, et une certaine sérénité. Elle parlait peu de son passé, mais dans ses yeux brillait une lumière nouvelle.
Jean Valjean, toujours discret, continuait à vivre dans l’ombre. Il travaillait dans les jardins, veillant sur Cosette à distance. Son amour pour elle grandissait chaque jour, un amour profond, silencieux, fait de dévouement et de renoncements. Il ne cherchait pas à se faire aimer : il aimait, simplement.
Mais à mesure que Cosette grandissait, Valjean sentait poindre une inquiétude nouvelle. L’enfance s’effaçait, et avec elle, l’innocence protégée. Le monde extérieur, cruel et imprévisible, finirait par les rattraper. Il savait que le couvent ne pouvait être une cachette éternelle.
Un jour, Cosette devenue presque une femme lui demanda pourquoi elle n’avait pas le droit de sortir comme les autres jeunes filles. Ce fut une piqûre au cœur pour Valjean. Elle aspirait à autre chose. À la vie.
Alors, malgré la peur, il prit une décision : ils quitteraient le couvent. Il voulait lui offrir un avenir. Même si cela signifiait affronter à nouveau le monde.
Le retour à Paris
Jean Valjean et Cosette quittèrent le couvent par une nuit calme. Le cœur lourd mais déterminé, il emmena la jeune fille vers Paris, ville immense et pleine de dangers mais aussi de possibles.
Ils s’installèrent dans une maison discrète, bordée d’un petit jardin, à l’écart des quartiers bruyants. Valjean avait prévu chaque détail : un nouveau nom, une nouvelle histoire, un mode de vie modeste mais suffisant. Cosette ignorait toujours la vérité sur ses origines et sur le passé de son protecteur.
La vie à deux reprit son cours. Cosette, émerveillée, découvrait les rues, les marchés, les passants. Chaque promenade était une fête. Mais Jean Valjean, lui, vivait dans l’inquiétude constante. Il sortait peu, regardait derrière lui, évitait tout contact inutile. Il savait que Javert pouvait réapparaître à tout moment, comme une ombre surgie du passé.
Cosette s’épanouissait pourtant. Elle lisait, dessinait, chantait parfois. L’adolescente réservée devenait une jeune femme pleine de grâce. Jean Valjean, dans son amour silencieux, la contemplait comme un miracle qu’il devait protéger à tout prix.
Mais ce calme n’allait pas durer.
Un jour, lors d’une promenade au Jardin du Luxembourg, Cosette croisa un regard. Celui d’un jeune homme aux traits sérieux, aux yeux clairs et profonds. Un regard qui allait bouleverser sa vie.
Marius
Le jeune homme que Cosette avait croisé s’appelait Marius Pontmercy. Étudiant en droit, il vivait dans une modeste chambre de la rue du Bac. Orphelin de mère, il avait grandi sous la garde de son grand-père, Monsieur Gillenormand, un vieil aristocrate monarchiste et autoritaire qui méprisait tout ce qui s’approchait de la Révolution ou de Napoléon.
Mais Marius, à l’insu de ce dernier, avait appris un jour la vérité : son père, Georges Pontmercy, ancien officier napoléonien, l’aimait profondément, mais avait été tenu à l’écart par la volonté du grand-père. Ce choc révéla en lui une révolte silencieuse. Il coupa avec sa famille, choisit la pauvreté, et se forgea ses propres idées.
Il fréquentait un petit groupe d’amis révolutionnaires. Les Amis de l’ABC qui rêvaient d’un monde plus juste. Mais son esprit était souvent ailleurs, et depuis quelque temps, toujours tourné vers une inconnue au regard pur qu’il croisait parfois au Jardin du Luxembourg : Cosette.
Leur premier échange fut un simple regard.
Puis un autre, quelques jours plus tard. Sans un mot, un lien s’était tissé. Cosette aussi attendait ces promenades avec impatience, troublée sans comprendre pourquoi.
Valjean, cependant, remarqua le changement dans les yeux de sa fille adoptive, cette attention nouvelle qu’elle portait à son apparence, à sa démarche.
Inquiet, il écourta les sorties. Il déménagea même, une fois encore, sans prévenir. Marius, soudain privé de toute trace de Cosette, sombra dans le désespoir.
Mais le destin n’avait pas dit son dernier mot.
Amour et secrets
Marius, rongé par l’absence de Cosette, ne cessa de chercher. Il parcourait les rues de Paris, fréquentait à nouveau le Jardin du Luxembourg, questionnait les passants en vain.
Son cœur battait pour une inconnue disparue, et cette douleur muette l’éloigna peu à peu de ses amis.
Mais le destin, dans sa discrétion, veillait. Un jour, dans une rue calme du quartier de la rue Plumet, Marius aperçut par hasard Cosette, sortant d’une grille en fer forgé. Le souffle coupé, il resta figé. Elle aussi l’aperçut. Leurs regards se croisèrent, cette fois pour de bon.
À partir de ce jour, Marius passa chaque jour devant cette maison. Il n’osa pas parler tout de suite. Puis, au fil des semaines, naquirent des échanges furtifs, quelques mots, des sourires, et bientôt, une correspondance discrète glissée sous les pierres du jardin.
Cosette, elle aussi, ressentait un amour naissant. Mais Jean Valjean, protecteur farouche, restait sourd à ce trouble. Il ne voyait que le danger : chaque inconnu était une menace.
Le passé de Valjean, toujours tapi dans l’ombre, resurgit. Une nuit, il aperçut un homme suspect, rôdant près de la maison : Thénardier, celui-là même à qui il avait arraché Cosette. Devenu escroc et voleur, il voulait maintenant faire chanter Valjean.
À cela s’ajoutait une rumeur plus grave encore : Javert serait de retour à Paris.
Sentant le filet se resserrer, Valjean prit une décision brutale : fuir à nouveau.
Cosette, arrachée à Marius sans explication, sombra dans le désespoir. Et Marius, une fois de plus, perdit l’amour de sa vie.
L’insurrection de juin 1832
Paris, en juin 1832, était une ville en colère. La mort du général Lamarque, figure populaire et défenseur du peuple, mit le feu aux poudres. Dans les rues, la misère hurlait. Les étudiants, les ouvriers, les exclus formaient une vague prête à se soulever.
Parmi eux, Les Amis de l’ABC, le groupe révolutionnaire auquel appartenait Marius, préparaient la révolte. En tête, Enjolras, jeune homme de feu et d’idéal, appelait à une République nouvelle, pure, juste.
Marius, d’abord distrait par ses blessures sentimentales, fut saisi par l’appel de l’insurrection. Dans son cœur, la douleur d’avoir perdu Cosette se mêlait à une rage sourde contre le monde. Il décida de rejoindre la barricade.
Les rues furent fermées, des pavés renversés, des drapeaux rouges levés. À l’angle de la rue de la Chanvrerie, une grande barricade fut dressée. Hommes, garçons, vieillards tous y affluaient, l’espoir brûlant dans les yeux.
Jean Valjean, de son côté, avait appris que Marius était en danger. Il avait lu les lettres, compris les sentiments, et malgré sa peur, malgré son désir de fuir, il partit vers la barricade. Son instinct ne le trompait pas : c’était là que son destin, et celui de Cosette, allait se jouer.
Javert, infiltré parmi les insurgés sous une fausse identité, avait été démasqué. Il fut fait prisonnier par les révolutionnaires.
Dans ce tumulte, Marius retrouvait un sens à sa vie : le sacrifice. Il se battait avec ferveur, ne craignant plus la mort. Mais la mort allait bientôt frapper.
Le sacrifice
Les combats faisaient rage sur la barricade. La poudre emplissait l’air, les cris résonnaient, et la poussière masquait le ciel. Marius se battait avec une détermination farouche, épaulé par ses camarades. Mais la force des soldats royalistes était trop grande.
Un soldat, profitant d’une ouverture, tira une balle qui atteignit Marius à la poitrine. Il tomba, le souffle court, le regard embué. Autour de lui, le chaos continuait. Son dernier souffle fut un mélange d’agonie et d’espoir, car il savait que Cosette l’attendait, quelque part, dans ce monde cruel.
Jean Valjean, apprenant la nouvelle, accourut sans perdre un instant. Il réussit à infiltrer la barricade, à trouver Marius, et à le porter loin du champ de bataille.
Dans l’ombre, il fit tout pour sauver celui qui avait conquis le cœur de sa fille adoptive. Chaque instant était précieux, chaque battement de cœur un miracle.
Mais la bataille était perdue. Les insurgés tombaient les uns après les autres. Enjolras, le chef, accepta son sort avec dignité, préférant mourir libre plutôt que de renoncer à ses idéaux.
Le sacrifice de ces jeunes hommes était un cri pour un avenir meilleur.
Le sauvetage
Alors que le combat s'achevait et que les soldats reprenaient le contrôle des rues, Jean Valjean, guidé par son courage et son amour, portait Marius, grièvement blessé, à travers les ruelles sombres de Paris. Chaque pas était un défi contre le temps et la douleur.
Il se souvenait des promesses faites, des sacrifices consentis, et ne pouvait abandonner celui qui portait l'espoir de Cosette. Grâce à une connaissance du labyrinthe des rues, il évita les patrouilles ennemies et trouva refuge chez un ami médecin.
Marius fut soigné avec attention, son état demeurant critique mais stable. Valjean, épuisé mais déterminé, veillait à son chevet. Il savait que sauver Marius, c’était préserver le futur de Cosette.
Pendant ce temps, Javert, libéré par les insurgés mais déchiré entre son devoir et son humanité, observait Valjean d’un œil nouveau. La rigidité de la loi rencontrait la force du cœur.
Le destin, tissé de sacrifices et d’amour, continuait de s’écrire dans les ruelles de Paris.
Réconciliation et retour à la paix
Les jours passèrent, et Marius, lentement, reprit des forces. Sa convalescence fut longue, mais la présence attentive de Jean Valjean fut un baume pour son corps et son âme. Peu à peu, les ombres de la barricade s’éloignèrent, laissant place à un horizon plus clair.
Lorsqu’il retrouva enfin Cosette, leurs retrouvailles furent empreintes d’une émotion profonde, silencieuse, où les mots étaient inutiles. Jean Valjean observa cette union avec une tendresse mêlée d’une pointe d’inquiétude : pouvait-il vraiment laisser partir Cosette vers un avenir qu’il n’avait jamais connu ?
Dans cette période, Javert fit un choix inattendu. Confronté à la complexité du cœur humain, il remit en question sa vision stricte de la justice. Pris dans un dilemme insoutenable entre la loi et la compassion, il prit une décision dramatique qui scella son destin.
La ville de Paris, elle, reprenait son souffle, tentait d’oublier les jours sanglants, mais les rêves des insurgés demeuraient comme un souffle dans l’air.
Jean Valjean, fort de son amour et de ses combats, trouva enfin un semblant de paix intérieure. Mais il savait que le chemin vers la rédemption était encore long.
La fin de Jean Valjean
Les années s’étaient écoulées. Jean Valjean, désormais vieilli et affaibli, vivait retiré, entouré de l’amour de Cosette et du respect retrouvé de Marius. Son passé, autrefois lourd de douleurs, semblait enfin apaisé.
Mais le poids du temps et des blessures profondes ne lui laissaient plus de répit. Dans la douceur d’une chambre lumineuse, Valjean sentit son dernier souffle approcher.
Il revoyait son chemin parcouru : la prison, la fuite, l’amour, les combats, la promesse tenue.
Autour de lui, Cosette et Marius veillaient en silence, témoins d’une vie dédiée au sacrifice et à la rédemption.
Jean Valjean s’éteignit, le cœur en paix, confiant que l’amour serait plus fort que la haine, que la lumière triompherait toujours des ténèbres.
Victor Hugo (1802–1885)
Poète, romancier, dramaturge et homme politique français
Victor Hugo naît le 26 février 1802 à Besançon, en France, dans une famille où son père est général dans l’armée napoléonienne.
Très jeune, il montre un grand talent pour l’écriture et publie son premier recueil de poèmes à 20 ans. Il est rapidement reconnu comme une figure majeure du romantisme en France.
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Les Misérables au cinéma : Quatre visions d’un chef-d’œuvre

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